tourdhexagone: Du Mt St Michel à Guerlesquin. Peu d'accueil, peu d'eau, beaucoup de route et de beaux paysages.

Dimanche 2 octobre - Dimanche 16 octobre.

Le dimanche 2 octobre je suis repartie tôt du Mt St Michel! J'avais 15km à faire en ligne droite sans eau et sans ombre alors vu les températures chaudes qu'on a eu à cette période il valait mieux ne pas y être vers midi. Une fois la ligne droite achevée nous avons contourné la baie de Cancale. Nous sommes passés sur la plage mais on s'est fait prendre dans un piège de vase plutôt craignos alors on a vite regagné la grande route! Les chevaux étaient tout crassous, surtout Intrépide. J'ai eu du mal à trouver de l'eau pour mes chevaux dans cette zone. Le soir un centre équestre m'a proposé l'hospitalité pour que mes chevaux puissent boire mais les pauvres n'avaient rien à brouter et le centre équestre n'a pas voulu leur donner une ration de grain!!! J'ai du leur filer un petit peu de foin en douce pour la nuit... j'étais verte décidément les gens du cheval c'est pas ça! J'étais d'autant plus ravie que le lendemain toutes les plaies des chevaux étaient reparties en infection et que mon chien s'est mis une écharde dans le pied (impossible de la trouver) du coup il a fait la journée sur 3 pattes... J'ai pourtant essayé de le faire monter sur Paolo à ma place mais il n'y avais rien à faire mon dadoune voulait marcher. Vous ne pouvez pas imaginer la quantité de réflexions que j'ai pu avoir! J'étais un bourreau! Faire marcher des animaux sous le soleil avec un chien qui boite... ôôô mon Dieu! Il y a même quelqu'un qui m'a dit: "Ce n'est pas une vie de chien!!! Un chien il lui faut une maison avec un jardin et être dorloté!"... ben voyons! On m'a encore dit avec un regard assassin: "Vous vous êtes assise mais lui il marche!"... je mets au défit cette brave dame d'être "assise" 6h par jour sur un cheval... Une 3eme personne m'a encore dit: "Oh la pauvre bête!! Mais il n'est pas trop fatigué? Il arrive à suivre les chevaux le pauvre toutou?". Alors oyez oyez brave gens voici un scoop: un chien est fait pour marcher bien plus longtemps et sur une plus longue distance qu'un cheval! Non il n'est pas fatigué et oui en plus il aime ça!

A st Malo c'était noir de monde... moi qui voulait aller manger une glace chez un super bon glacier en intramuros (j'en rêvais depuis mon départ), c'était rappé... J'aurais presque préféré qu'il pleuve! Le soir, après avoir traversé un pont barrage (un peu étroit et pas franchement fait pour les chevaux... merci trépide d'avoir fusillé une de mes sacoches la poste... tu me feras penser à t'acheter des rétros!) j'ai cherché un bivouac du côté de Dinard! Un papy a voulu m'aider et m'a emmené sur un terrain soi disant avec plein d'herbe, bien pour bivouaquer et pas loin.... en fait on a mis 1h à y aller, l'endroit était complétement nul (en plein milieu d'une grosse zone industrielle et commerciale à côté d'une 4voies) et il n'y avait pas d'herbe... Je l'ai remercié avec un sourire forcé et je me suis dis bon... va falloir trouver autre chose! Seulement je ne savais pas où j'étais (ma vieille carte n'indiquait pas la ZI et le papy nous avais fait prendre des tours et des détours), je suis donc allée demandée au formule1 voisin qui m'a remis sur la route de Dinard! Je suis arrivée au centre équestre en espérant (tout en me doutant de la réponse) qu'ils seraient compréhensifs et qu'ils me laisseraient m'installer dans un coin... doux rêve utopique, on m'a demandé si j'avais réservé des boxes et on m'a dit que malheureusement ils ne pouvaient rien faire pour moi.... Merci à vous! J'étais en plaine ville il était 9h du soir et je n'avais toujours pas de bivouac à cause d'un papy qui avait gentiment voulu m'aider. J'ai donc suivi mon chemin et par bonheur j'ai croisé une voie verte... j'étais au milieu des maisons mais il y avait plein d'herbe. Je n'avais même pas fini de m'installer que la police municipale est arrivée. Sur le coup j'étais désespérée à l'idée qu'ils me demandent de partir... nuit noir, chevaux déjà déchargés... En fait ils étaient sympas. Un jeune avait vu des chevaux de loin et les avait prévenu en pensant qu'ils s'étaient échappé du centre équestre. Du coup ils ont juste pris mon identité, m'ont dit que je pouvais dormir là sans problème et m'ont souhaité une bonne nuit. Les voisins sont sortis, on a bien discuté et ils m'ont apporté un bon picnic à manger le soir... tant mieux parce que vu la journée que j'ai eu je n'aurais pas eu le courage de me faire à manger. Le lendemain ils m'ont apporté le petit dej, de l'eau pour mes chevaux et j'ai pu prendre une douche chez eux.

J'ai ensuite pris la direction de Matignon où un colis m'attendait en poste restante. Voyant que j'aurais du mal à être à l'heure avant la fermeture de la poste j'ai tenté le tout pour le tout, j'ai fait les 5 derniers km en 1/2h en courant parfois à côté de mes chevaux... tout ça pour arriver à 17h01 et voir le rideau de fer de la poste descendre devant mon nez! J'étais verte! J'étais obligé de dormir là et d'attendre l'ouverture le lendemain. J'ai trouvé un bivouac avec plein d'herbe mais qui ne m'inspirait pas confiance du coup j'ai mal dormi. Le lendemain tout le centre du bourg était fermé car c'était jour de marché... Comment faire pour aller jusqu'à la poste avec mes chevaux??? Je ne pouvais pas les laisser sans surveillance en dehors du village... tant pis j'ai traversé le marché avec mes deux chevaux... et j'ai enfin récupéré mon colis! J'ai ensuite entamé ma journée. Une voiture s’arrête et un ancien cavalier de spectacle me propose de venir passer la nuit chez lui. Il m'explique comment y aller et me dit que sa femme est à la maison et pourra m'accueillir. D'après lui ce n'est vraiment pas loin. En fait il ne se rendait pas compte de la distance à parcourir (la référence voiture que tout le monde a et qui fosse la notion de distance) du coup j'ai mis plus de temps qu'il ne le pensait à arriver chez lui et là il n'y avait plus personne. J'ai attendu 3h30 devant chez eux... ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas été accueillie... j'en avais vraiment besoin! Mais ne les voyant pas rentrer et voyant la nuit arriver j'ai décidé de chercher un bivouac. Bivouac que j'ai lui aussi installé de nuit à cause de quelqu'un qui, encore une fois, a voulu m' aider et m'a en fait foutu dans la m*****! A ce moment là j'en avais marre... je galérais à trouver de l'eau et de l'herbe pour mes chevaux (tout était sec), ça faisait des jours que je n'avais pas été accueillie, le garrot d'Intrépide n'était pas très beau et surtout je arrivais à joindre personne (à part ch'titof bien sure). Aucuns amis ne répondait à mes appels et messages, mes parents n'avaient pas franchement le temps... J'avoue que là j'étais déçue, déçue parce que j'avais franchement besoin d'entendre une voie amie. Je me suis dit que ça ferait le tri.

J'ai ensuite suivi la côte et j'ai traversé St Brieuc, le soir j'ai bivouaqué du côté de la plage des rosaires. C'était horrible... horrible parce que j'étais malade! Un mal de ventre atroce! Et franchement quand vous voyagez seul avec des animaux, même malade vous devez assurer... Alors que chaque pas que faisait Paolo me remuait les entrailles j'avançais pour trouver un bivouac avec suffisamment d'herbe pour les chevaux. Une fois l'emplacement trouvé il a fallu que je débâte les chevaux entre deux régurgitations de mon estomac que j'expulsais à quatre pattes par terre dans l'herbe. Une fois tout le barda au sol il a fallu que je monte le parc des bijoux alors qu' ils s'impatientaient en grattant du pied parce qu'ils avaient faim et qu'ils trouvaient que je n'allais pas assez vite. Une fois les chevaux installés j'ai monté la tente en me tenant le ventre, à chaque fois que je me baissais pour planter une sardine une forte brulure d'estomac se manifestait. Après la tente montée il a fallu gonfler le tapi de sol, sortir le duvet, mettre les affaires à l'abri, bâcher ce qui restait dehors, nourrir le chien... et seulement à ce moment là j'ai pu m'allonger et me reposer en attendant que ça passe. Je me suis endormie à 2h du matin après plusieurs autres régurgitations... Ce soir là je n'ai ni eu envi d’arrêter mon périple ni regretté d'être parti comme certain le pense, je me suis juste dis "Punaise quand on est malade c'est quand même agréable d'être chez soi, au chaud, sous une couette avec un bon bol de pisse-mamy entre les mains et un bon film à regarder".

J'ai ensuite pris la route de Binic. Là une voiture s’arrête et au miracle on m'invite à passer la nuit. Les gens me conduisent chez eux, on met les chevaux dans le jardin (il n'y a pas trop d'herbe mais tant pis). C'est génial après près de 15j de bivouacs de pouvoir passer du temps avec des gens, manger autre chose que des pâtes et du riz, dormir sur ses deux oreilles... un vrai plaisir! Le soir, mon hôte, un marionnettiste recordman de trocyclette, appelle un journaliste très sympa avec qui je discute longuement (son article ici). J'ai ensuite pris la direction de la côte de granit rose où j'ai bivouaqué à la pointe de l'Arcouest. Des camping cariste très sympa m'ont offert de quoi manger le soir alors que j'installais mon camps un petit peu tard. J'ai ensuite pris la direction de Port Blanc puis Perros Guirec où j'ai fait une journée de pause chez Marine (rencontrée préalablement au Mt St Michel). C'était super! Les chevaux étaient dans le jardin, Paolo s'est fait un plaisir de monter sur la terasse et de passer la tête par la baie vitrée de la cuisine. Après cette pause agréable j'ai repris la route mais ce fut bref car j'ai été accueillie au bout de quelques km par Claris et Kevin. Ils vivaient dans une cabane au milieu des arbres sans eau ni électricité... une belle soirée et une belle rencontre. J'ai ensuite quitté la mer à St Michel en Grève pour rejoindre Guerlesquin où Ch'titof m'a rejoint.